PAR-DELÀ LA RIVIÈRE

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Deux pays, deux gouvernements, deux monnaies. Deux langues et deux alphabets aussi ; le roumain et le russe, l’alphabet latin et le cyrillique.

Aux confins de l’Europe, le Dniestr est un fleuve-frontière d’un genre tout particulier. Barrière intérieure, il coupe la Moldavie en deux entités distinctes : la République de Moldavie et la République moldave du Dniestr – ou Transnistrie –, un État séparatiste qui demeure non-reconnu par la communauté internationale. À l’image de cette rivière aux mille méandres, le conflit qui oppose les deux camps depuis près de trente ans semble aujourd’hui au point mort, à la fois interminable et apaisé.

Ce qui frappe lorsqu’on approche le Dniestr pour la première fois, ce sont les dimensions de ce cordon d’eau dont la largeur n’excède pas une cinquantaine de mètres par endroits. Le traverser semble si facile… Pourtant, personne ne s’y risque ; les militaires, quasi-invisibles hors des points de passage officiels, rôdent.

Alors on s’observe de part et d’autre du fleuve. La rive moldave surplombe la transnistrienne, avant que les rôles ne s’inversent une dizaine de kilomètres plus loin. À intervalles réguliers, de petits villages semblent avoir été abandonnés. Le passage de rares véhicules sur les routes défoncées confirme que l’on se trompe. Puis l’on entend des cris d’enfants, on aperçoit ici et là une vieille dame traverser la rue, un agriculteur travailler son champ… Les dimanches de beau temps, on déplie même la nappe de pique-nique pour profiter du soleil en famille. Sans peur, mais toujours avec un œil sur l’autre rive.

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