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LE RÊVE DE L'ACROBATE

Montmartre, tribune sud. Au signal de premières notes de musique lancées au pied du Sacré-Coeur, les mains sont devenues visières et les smartphones ont été brandis à bout de bras ; le brouhaha s'est arrêté et les yeux ont commencé à rebondir. Ils ont rebondi au rythme de ce ballon qui, lui, ne cessait de virevolter entre le ciel et la Terre. Les touristes amassés là ont fait des « Oh ! » et des « Ah ! », ils ont chuchoté des mots d'admiration, se sont dit qu'eux aussi pourraient en faire autant – et puis non –, ils ont retenu leur souffle et, quand enfin Iya s'est arrêté, ils ont applaudi. Ils sont allés le féliciter, lui serrer la main, lui demander une photo, ont déposé une pièce ou ont tout simplement tracé leur route comme si de rien n'était.


Comme tous les jours, ils ont été des centaines à le regarder et ont certainement imaginé, eu égard à son aisance apparente, que tout a toujours été simple pour ce petit bonhomme d'un mètre soixante-cinq. Ils l'ont cru, et ils se sont trompés.

 


« Moi, je veux juste m'amuser avec le ballon »
 

 

Le parcours chaotique et hasardeux qui a mené Iya Traoré sur ce pylône de la butte Montmartre n'a, pour ainsi dire, d'égal que la simplicité avec laquelle il parle de son art.


« Je fais du football freestyle, ça s'appelle comme ça ; c'est du jonglage avec le ballon. On fait ce qu'on veut : on peut jouer avec la tête, les pieds, toutes les parties du corps, décrit Iya. Il n'y a pas de contraintes, c'est toi le maître de ton ballon. Comme je maîtrise mes figures, je fais tout en fonction de mon énergie et du feeling ; j'improvise en fonction de la musique. Les gens kiffent parce que ce n'est jamais exactement pareil. »


Celui qui arbore invariablement un T-shirt floqué "Guinée" – « un hommage à mon pays, qui évite aussi qu'on me demande constamment si je suis brésilien » – est un homme libre qui n'aime pas forcément les contraintes. « Je ne m'entraîne jamais, je profite de mon spectacle pour tenter de nouvelles choses. Tout ce que j'ai toujours fait, c'est d'inventer dans l'instant. Moi, je veux juste m'amuser avec le ballon. » Il poursuit : « Aujourd'hui, je trouve mon plaisir dans la rue, parce que dans la rue j'ai ma liberté, c'est très important pour moi. Je fais ce que je veux, je mets la musique que je veux, je joue quand je veux, je m'arrête quand je veux. Je donne du plaisir, je n'ai pas de pression : je suis libre, quoi ! »


Iya a ses figures favorites, des incontournables dont il sait son public particulièrement friand. Il y a le "Y", effectué à l'équilibre, la tête en bas et les jambes à l'écart dans les airs, une référence à l'Américain Usher, star du R&B dans les années 2000. Ou le "Soleil", pour lequel il coince le ballon entre la pointe de son pied et son tibia et décrit de grands cercles dans les airs, « comme Jean-Claude van Damme dans ses films ». Une figure dont il détient le record du monde depuis 2004 et son passage à l'émission de France 3 L'Été de tous les records, avec 63 tours en une minute.


Mais il sait que ce qui plaît le plus au public, c'est quand il grimpe au lampadaire voisin : « Les gens sont impressionnés, ils ont peur pour moi, surtout la première fois qu'ils me voient. Alors j'aime bien ajouter de l'humour en faisant Superman ou en pédalant dans le vide, comme ça les gens rigolent et ils oublient d'avoir peur ! Des fois, quand il y a beaucoup de monde, je choisis aussi de tout faire de manière stricte, sans aucun humour : du coup, tout le monde retient son souffle... » Il mime le silence, l'index sur la bouche : « Ici, on dirait que ce n'est plus un lieu touristique ; on n'entend plus que la musique qui sonne... Parfois des "Oh, my God !" ou des "Oh, mon Dieu !"... Et tous les gens attendent que je redescende pour applaudir, d'un seul coup ! Et ça, ça me plaît ! »

 


Si son aisance à grimper tout là-haut peut, pour le novice, ressembler à de l'inconscience, lui assure n'avoir jamais eu d'appréhension. « Honnêtement, pour moi c'est facile. En Afrique, on monte tout le temps aux cocotiers ou aux manguiers. Comme on vit dans la brousse, si tu as faim – et on ne mange pas toujours à notre faim là-bas –, il faut bien aller cueillir une mangue pour se nourrir. Et moi, je maîtrisais parce que j'avais tout le temps faim... Mais je comprends que les gens aient peur pour moi parce que, eux, ils vont au restaurant pour manger ! Moi, c'était autre chose : mon restaurant, c'était là-haut ! », sourit Iya.

 


En Guinée, l'école de la débrouille
 

 

Le footballeur que Montmartre admire aujourd'hui a grandi à Kebeya, un village de quelques centaines d'habitants perdu en plein coeur de la Guinée, dans la préfecture de Dabola. Iya commence à grimper aux arbres et est alors à mille lieues de se rêver un destin lié à son ballon.


D'abord parce que de ballon, il n'y en a point, faute d'argent. Des chaussettes roulées en boule, une orange ou des morceaux de plastique font alors amplement l'affaire et, comme dans toutes les cours d'école du monde, des cailloux délimitent les buts. « Le système D, quoi ! »


Surtout, le premier contact du petit Iya avec le football n'est pas des plus concluants : « Au début, je n'aimais pas trop ça. J'avais cinq ans et je me posais beaucoup de questions quand je voyais les autres courir derrière la balle. Il n'y avait pas de règles ; moi, je me disais que c'était des fous, que les grands n'avaient rien à faire et que c'était des vagabonds, des voyous qui couraient dans tous les sens... » Mais il note aussi très vite que tous ces garçons « viennent de familles différentes et que, même s'ils ne s'entendaient pas, ils étaient ensemble : il y avait une union ».


« Ils souriaient, ils étaient contents, ils faisaient du sport, ils transpiraient, ils rigolaient quand l'autre marquait ou qu'il tombait. Et quand un autre se faisait mal, tout le monde venait à côté pour lui dire : "Est-ce que ça va ?" Quand ils avaient des petits travaux aux champs, ils allaient tous aider l'autre pour qu'il finisse plus tôt, comme ça ils pouvaient jouer au foot. Alors que moi, si j'avais du boulot à faire aux champs, j'étais tout seul à me démerder et je passais des heures à le faire. »


Iya se rapproche donc du terrain et observe les interminables parties de football à l'ombre d'un manguier. Il se souvient de cet attaquant, « un grand » qui causait bien des misères aux défenses adverses et que tout le monde voulait avoir dans son équipe. À force de répétition, il remarque que celui-ci fait « toujours la même chose : une feinte d'un côté, et un tir de l'autre ». Il se propose au poste de gardien de but et, considérant qu'il ne pourra pas faire pire que le titulaire du poste, est accepté. Il applique sa tactique et met enfin la star du village en échec. « Quand tout le monde a vu que je pouvais l'arrêter, tout le monde a commencé à m'aimer. Et, du coup, quand on allait cueillir des mangues, je n'avais plus besoin de monter. On me donnait, on m'offrait... "Tiens, Iya !" Tout le monde voulait être mon ami, et je trouvais ça génial ! », lâche-t-il dans un éclat de rire.


À dix ans, son père – qui vit en France – lui impose de poursuivre ses études à Conakry, la capitale. Dans son quartier, puis dans les clubs du FC Ibrahim et du FC Nabiba, Iya ne lâche plus son ballon et se prend même à tirer depuis son propre but quand ses coéquipiers l'exaspèrent. « Je dribblais deux ou trois joueurs et je tirais. Le terrain n'était pas si grand que ça, c'était pas un terrain de stade de France, quoi ! J'étais petit, mais j'avais une bonne frappe. »


« Toi, il faut que tu sois attaquant », lui glisse alors son entraîneur. Sélectionné dans les équipes communales, Iya brille, trois années durant, sous les couleurs des plus grands clubs européens. « Le problème, c'est que là-bas on n'avait pas les moyens d'avoir nos propres maillots. Alors, une fois que le jeu de maillots était gâté, on pouvait acheter les maillots d'un autre club, juste parce qu'on trouvait la couleur jolie. » Le garçon évolue donc avec l'équipement de l'Inter Milan, du Paris Saint-Germain – un club qu'il recroisera quelques années plus tard – ou d'un cador du championnat espagnol, peu importe.


Hébergé par ses oncles et tantes, Iya a désormais deux buts dans la vie : s'offrir son premier ballon en cuir et devenir une star du ballon rond, comme Maradona. Il cire les chaussures, aide les personnes âgées, vend des sacs plastiques, des jus de fruits ou de l'eau glacée et accomplit, au prix de longs mois d'efforts, le premier de ses deux rêves. L'autre se jouera bientôt de l'autre côté de la Méditerranée, un nom dont il n'a jamais entendu parler...

 

Quelques jours avant son quatorzième anniversaire, Iya va enfin rejoindre ses parents, ses cinq frères et ses deux soeurs en France. Nous sommes le 15 novembre 2000.
 

 

L'oiseau métallique et le train fantôme
 

 

Sur le tarmac de l'aéroport international de Conakry, à quelques encablures de l'océan, un avion atterrit. L'adolescent, apprêté pour le grand départ, découvre alors que « le point dans le ciel, tout petit, tout minuscule » dans lequel il ne s'imaginait pas pouvoir rentrer est en réalité un immense albatros. « Il était vraiment grand, alors cet avion je l'ai appelé "l'Oiseau métallique" ! »


Iya s'étonne de tout. De la puissance de l'appareil – « avec mon poids, je pensais qu'il ne pourrait pas redécoller ; donc quand j'ai vu le nombre de passagers et de bagages qui rentraient... » – comme de ces fauteuils installés dans la carlingue, « comme à la maison ou dans une salle de cinéma ». Ses voisins dorment à poings fermés, lui s'accroche au hublot et ne parvient à quitter des yeux ces nuages qui glissent sous les ailes de l'avion.


À son arrivée à Paris, le jeune Bambara est cueilli par le froid glacial. Lui qui ne parle alors que de rares mots de français – en Guinée, il s'exprime en malinké – n'a qu'une envie : « Rentrer dans (son) pays. »
 

« J'avais les mains qui gelaient ! Je me suis dit : "C'est quoi ce pays ? Je quitte mon pays pour venir me mettre dans un frigo, dans un pays de congélateurs !" Les jours et les mois passaient, j'avais l'impression qu'il faisait de plus en plus froid. Pourtant, quand je voyais les autres, tout le monde était normal ! Eux, ils mettaient leur manteau, et c'était fini. Moi, je mettais mon manteau – j'aurais pu en mettre dix –, ça ne m'enlevait pas le froid ! J'étais tout le temps à côté du chauffage, toujours agrippé à mon chauffage dans notre squat à Stalingrad, et c'était compliqué de sortir pour aller à l'école », avoue-t-il.
 

Son père se focalise sur ses études, lui s'épanouit sur les terrains de l'AS Parisienne, un club du 18e arrondissement. À cette époque, l'équipe de France est championne du monde et d'Europe en titre : « Je me suis dit que je ne pouvais pas rester ici, un pays de football, sans rien faire. » Un bond au Paris FC le propulse rapidement au centre de formation du Paris Saint-Germain. Version 2002-2003, époque Ronaldinho. Entre les postes d'attaquant et d'ailier gauche, Iya effleure, trois années durant, son rêve de professionnalisme.
 

À l'été 2005, il reçoit un courrier. Tout s'arrête brutalement. « J'ai passé beaucoup de temps à aider mon père – un marchand d'art africain – aux puces de Clignancourt, je ne venais pas assez aux entraînements... J'étais déçu. Alors j'ai écrit à beaucoup de clubs, je sais pas combien... » Il démarche « tous les clubs du CFA [le Championnat de France amateur, la 4e division] à la Ligue 1 », sans réussite.
 

Il obtient finalement son brevet des collèges, peut-être davantage pour le bonheur de ses parents que pour le sien. « Du coup, mon père m'a donné l'argent pour aller m'acheter un ballon. »
 

« C'était l'été, je n'avais pas de club et je n'avais rien à faire, alors j'ai pris mon ballon et j'ai visité Paris. » En guise de guide touristique, un livre réalisé par une camarade de classe, dans lequel il retrouve les photos des monuments de la capitale. « Elle savait que je parlais de la Tour Eiffel sans l'avoir jamais vue en vrai », précise-t-il. Ses yeux brillent : « Quand je l'ai eue en face de moi, c'était magnifique, il faut bien le dire quand même. C'était magique, quoi ! J'étais content parce que je me sentais enfin à Paris. Avant, je savais que j'étais à Paris mais, en voyant la Tour Eiffel, c'est comme si
j'en avais eu la confirmation.
» Cinq ans et une douzaine de stations de métro pour, enfin, devenir Parisien.

 

Sur sa lancée, Iya découvre la ligne 14 et son métro sans chauffeur. « Il volait tout seul. D'habitude, j'aimais bien aller voir le conducteur, le regarder par la petite fenêtre ; et là, rien. Je suis allé à l'autre bout de la rame : rien ! Je me disais : "Mais comment le métro, il peut savoir que je m'arrête là ?" C'était... pfffou ! »
 

Il commence à jongler. Il ne quitte plus son ballon, arpente les Champs-Élysées, le parvis de Notre-Dame, Châtelet ou Beaubourg. Et il jongle, encore et encore. Seul ou avec les musiciens du coin, toujours pour le plaisir.
 

 

« Il faut que tu trouves un chapeau »
 

 

« Un jour, j'ai commencé à jouer sur les Champs-Élysées. Il y a quelqu'un qui a dû manger une glace et qui a fait tomber le pot près de moi. La première fois que j'ai gagné de l'argent, ça s'est passé comme ça. Il y a un groupe de touristes qui est venu pour visiter, et pendant que le guide leur expliquait de quelle année dataient les Champs, l'Arc de Triomphe et les trucs comme ça, ils m'ont vu jouer au ballon. Ils avaient les écouteurs sur les oreilles, mais ils n'écoutaient même plus. Je dis pas qu'ils s'en foutaient de l'Arc de Triomphe, mais ils passaient leur temps à me regarder... Ils ont dû penser que c'était moi qui avais déposé le pot de Häagen-Dazs parce que, en partant, ils ont tous mis de l'argent dedans. Moi, j'étais concentré sur mon ballon ; j'avais même pas fait attention qu'ils avaient laissé de l'argent... J'ai continué et d'autres groupes se sont formés autour de moi, et les gens mettaient de l'argent dedans. Encore, encore... »


« À un moment donné, une vieille dame est venue me voir et m'a dit : "Mon fils, il faut que tu trouves un chapeau comme les danseurs, comme les artistes de rues, parce que le pot, regarde, là : il est rempli ! Ton argent, il est au sol ; quelqu'un peut te le piquer pour l'emmener. Il faut chercher un chapeau !" Elle a pris le pot, et elle me l'a donné. » Iya glisse les pièces dans son haut de survêtement et s'engouffre dans le métro au pas de course. Il ne s'arrête pas avant d'être arrivé chez lui.
 

Il montre le butin à ses parents. Son père, furieux : « D'où tu sors tout cet argent ? » Le fils : « C'est les gens, ils me l'ont donné parce que je jouais au ballon. » « Arrête de mentir ! Ce ballon-là, je te l'ai acheté à sept euros, et toi tu viens de ramener cinquante euros ! Et tu veux me faire croire que c'est en jouant au ballon ? Cinquante euros ? En une seule journée ? Tu te fous de moi ? Je sais que tu as suivi les mauvaises personnes. Je vais prendre l'argent et, si la police vient, je le leur donnerai ; et tu iras en prison ! »
 

 

Un mètre carré de paradis
 

 

Le lendemain, Iya embarque l'un de ses frères armé d'un appareil photo à la Tour Eiffel. Il lui confie pour seule mission de filmer tout ce qu'il fait. De nouveau, les gens s'agglutinent autour de lui, les policiers l'observent avec bienveillance, et les pièces rebondissent à ses pieds.


En rentrant à l'heure du repas, il branche l'appareil au poste de télévision et fait défiler les images de la journée. L'honneur de son père est sauf ; le sien aussi. C'est désormais décidé : il fera de ses spectacles de jonglage son métier.


Très vite, sa notoriété lui ouvre des portes. En juillet 2005, il se retrouve à Marseille, à jongler au milieu du stade Vélodrome pour le jubilé de George Weah. Autour de lui : Ronaldo, Zidane, Eto'o ou Arsène Wenger, rien que ça ! Quelques mois plus tard, il serre la main de Jacques Chirac au 55 rue du faubourg Saint-Honoré, et est autorisé à jouer avec son ballon dans les salons de l'Élysée, sous les yeux du président de la République. « Je pense que même l'équipe de France 1998, ils ne les ont pas laissé jouer avec un ballon à l'intérieur de l'Élysée, parce qu'ils auraient pu tout casser. Je pouvais casser des choses aussi, mais il [Jacques Chirac] m'a fait confiance et ça m'a marqué. C'est une chose qui ne se passe pas tous les jours, quoi ! »


Il atteint la finale de La France a un incroyable talent en 2010, signe deux nouveaux records du monde en jonglant sur des échelles de pompiers l'année suivante, ou apparaît dans un clip de Shakira pour la Coupe du monde 2014. « Vu que son mari est footballeur [Gérard Piqué, qui évolue au FC Barcelone], et que ses amis sont tous des bons footballeurs, comme Neymar ou Messi, j'ai cru que c'était une blague. Je n'arrêtais pas de recevoir des appels, j'ai failli prévenir la police ; et puis je me suis dit : "Imagine que c'est vrai..." Et c'était vrai ! »


Entre temps, Iya a acquis le statut d'auto-entrepreneur. Il s'est définitivement amarré à la butte Montmartre et à cet escalier blanc qui mène à la basilique du Sacré-Coeur. Pourquoi à cet endroit précis ? « À Paris, dans les places touristiques, il y a toujours plein de monde. Parce que c'est une ville magnifique, c'est une ville pleine d'amour, c'est une ville qui a beaucoup de charme, je sais que, quel que soit l'endroit où j'irai dans Paris, il y aura toujours beaucoup de monde. Mais Montmartre, c'est autre chose ; les grands artistes sont passés par là. Aujourd'hui, si tu veux me voir dans la rue, c'est seulement ici : si je ne suis pas ici, c'est que je ne joue pas aujourd'hui, donc tu ne me verras pas ailleurs. Mon bureau, c'est ici. »


Sur ces marches, Iya enchaîne les figures de style, presque jour et nuit. Un "tour du monde" métaphore de ses rêves d'ailleurs ; quelques pas sur une rambarde métallique, en équilibre comme sur le si ténu fil de la vie... Et ce lampadaire. « Quand je monte au poteau, pour moi, ça veut dire : "J'ai envie d'aller plus haut !" Là-haut, je me sens très fort. Vraiment très fort (rires). C'est comme si j'avais puisé l'énergie de toutes les personnes en bas pour pouvoir réaliser toutes les figures en haut. C'est comme s'ils me disaient : "Bah, Iya, on te prête pendant quelques instants notre énergie : vas-y, fais nous rêver !" Et là-haut, quand je regarde le panorama, j'ai l'impression d'être sur le toit du monde ! »


« Ici, c'est vraiment mon endroit préféré. Surtout ce petit pylône... Plein de choses me sont arrivées ici. Et je pourrais dire que j'ai tout gagné ici : un peu de reconnaissance, la possibilité d'aider ma famille et de m'en sortir, d'avoir beaucoup de contacts avec des gens du monde entier, des télés, tout ça... Beaucoup de belles choses sont arrivées sur cet espace de moins de un mètre carré en France. Il fait moins d'un mètre carré, mais quand je m'arrête dessus... J'ai tout eu. » Il marque un temps d'arrêt : « Je n'ai même pas eu besoin d'un mètre carré pour réussir. Avec ce petit espace, j'ai pu réaliser – je peux le dire – mon rêve. Parce que mon rêve, c'était de voyager avec mon ballon, et je l'ai fait. »

© 2023 par Sylvain Moreau.

 

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